CONCOURS D'ORTHOGRAPHE EN DUO, ORGANISE PAR LA PROVINCE DE LIEGE
Cette année, deux rhétoriciens se sont lancés dans l'aventure. Voici une copie du texte et des mots qui leur furent dictés le samedi 12 mars 2005. Si le coeur vous en dit, n'hésitez pas à relever vous aussi ce petit défi à domicile...
CATEGORIE: SENIORS 2005
Le tournoi d'amour
Haubergeons et jaserans, halecrets et bicoquets, or et cuivre
et cuivre et or. L'armée scintille comme la voûte céleste
en traversant, oriflammes déployées, les venelles exiguës
(exiguës) pullulant de flâneurs. Brocarts et samits, damas et lampas,
or et soie et soie et or. Les étoffes rivalisent de rutilance avec
les gemmes semi-précieuses qui les constellent. Les échafauds
où trônent les dames tout hérissées de hennins
aux gazes empesées chatoient eux aussi comme un firmament étoile.
Le ciel est descendu sur terre pour accueillir le tournoi et la joute qu'a
organisés le prince-évêque (le Prince-Evêque) pour
son jubilé. Les armes cliquettent (cliquètent) sur les caparaçons
et les sabots martèlent le pavé. Dans ce tintamarre assourdissant,
on n'entend guère tinter les chaînes aux poignets d'un hobereau
aux cheveux châtain-roux (châtain roux) et aux yeux pers. Prisonnier?
Pire: amoureux. Ses (ces) chaînes sont un lacs d'amour.' La troupe entre
en lice. Dans le silence subit ne résonnent plus que le cliquetis des
menottes, et la harangue du galant.
"Oyez, bonnes gens assemblés en ce jour solennel ' Pour l'amour
de ma dame, à moins qu'elle me requière de les ôter, je
combattrai ce jour-ci avec ces entraves d'amour."
Plus d'une donzelle se pâme : ces chaînes qu'elles ont vu brandir
avec fierté et entendues cliqueter sinistrement leur serrent le cur.
Cet effronté va-t-il contraindre une dame à confesser publiquement
des amours inavouées (inavoués) ?
"Et comme son cur est mien, conclut le damoiseau, ma mort aussi
sera la sienne."
Le public reste coi. Alors, baissant le ventait de son heaume, le chevalier
fait voiler son alezan et rejoint les combattants. Un héraut trompette
(trompeté) l'échauffourée ; au premier assaut, le garçon
est terrassé.
Un cri fuse des tribunes ; deux, plutôt, coïncidant en une même
stridence suraiguë (suraigiie). Deux gentes dames s'affaissent, deux
demi-surs de haut parage, l'une femme de connétable et l'autre
de gonfalonier. D'un même geste, elles ont plongé dans leur sein
une longue agrafe ornée, pour l'une, d'une améthyste, et pour
l'autre, d'un chrysobéryl. Laquelle fut coupable? Laquelle s'est sacrifiée
à l'honneur de l'autre? Nul jamais ne le saura. Mais les beaux-frères,
soulagés, s'attribueront mutuellement les cornes.
Jean-Claude BOLOGNE
Un harfang | Un oiseau rapace nocturne des régions septentrionales |
Un aiguail | De la rosée sur les feuilles |
Un phylloxéra | Un puceron parasite dont une espèce s'attaque aux racines de la vigne |
Un ampélopsis | Une plante grimpante à vrilles terminée en crampons (vigne vierge) |
La xanthophylle | Le pigment jaune des végétaux responsable de la couleur du feuillage en automne |
Une amphictyonie | Une association de cités grecques à caractère religieux, placée sous le patronage d'un dieu |
Un yohimbehe |
Un arbre du Cameroun dont le bois violacé est employé dans les mines, en constructions navales |